samedi 9 décembre 2006

Pascal S, démographe crétin

J'apprends ce matin que Pascal S., chanteur du dimanche matin, est à la démographie ce que Georges F. est au journalisme sportif : un des meilleurs analystes internationaux. Pour briller en société, il faut citer ce poète : "la bite des noirs est responsable de la famine en Afrique". Le cliché était déjà connu et ressassé mais je ne l'avais jamais entendu avec autant de violence et de vulgarité.
Ce qui me semble révoltant, c'est la succession récente de propos au mieux ethnocentriques ou assimilationnistes, au pire clairement racistes, beuglés avec l'assurance du bon sens, grossièrement justifiés de la manière suivante : à les entendre, ils ne font que parler vrai au nom de ce que sont censés penser vraiment les vrais gens. Ainsi Georges F., a réinventé les sous-hommes et revendiqué une représentativité de couleur pour les footballeurs de haut niveau. Entre parenthèse mais en gras, quand Georges F. a fait pire en trente secondes que Thierry Roland en trente ans, un courageux leader du PS a dénoncé avec vigueur les propos de son camarade : "les propos de Georges frôlent le racisme"... De son côté, Nicolas S. ne cesse de prôner sans complexe le nettoyage des banlieues fondé sur la théo-connerie de la pomme pourrie dans le compotier des quartiers dits sensibles et explique à qui veut l'entendre que les émeutes de banlieue sont dues à la polygamie. Nous lui offrons à ce titre le diplôme d'ethno-sensationnalisme oral. Il faut dire que Pascal B. nous avait déjà révélé que la cause principale de la fracture coloniale, c'est la culpabilité actuelle des habitants des anciens pays colonisateurs et leurs sanglots cons comme des violons. Ragaillardie par tous ces réactionnaires décomplexés, l'équipe de Marcof s'autorisa donc à composer un SMS très subtil sur "l'odeur des noirs" pour se venger noblement du fin sketch de Dieudonné.
Mais ce qui me semble réjouissant, c'est que lorqu'ils s'expriment ainsi, ces réactionnaires bavards, comme s'ils partageaient avec les auditeurs la complicité d'une fin de soirée trop arrosée, on les prend la main dans le sac : les deux hémisphères enfermés dans la boîte à stéréotypes. Quand Pascal S. laisse échapper ses pensées profondes sur la famine et la démographie dans le langage de la bite à Dudule, il nous montre -avec une sincérité désarmante- qu'il pense comme un pénis.

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