samedi 23 décembre 2006

Noël impair

C'est le premier Noël sans maman. J'aime me faire croire que je suis dé-ritualisé, tout plein de recul face aux opérations de joie programmée, et pourtant je mâchonne un arrière-goût d'orphelinat depuis début décembre. Je me surprends à lécher pour elle des vitrines virtuelles, à astiquer la collection d'après rasage qu'elle complétait tous les ans et à lui acheter deux bouteilles de champagne sans migraine. Hier, j'ai ressorti l'autobiographie de Canetti qu'elle m'avait offerte il y a au moins quatre ans et que je n'avais toujours pas pris le temps de lire. Les généreux ne meurent jamais. On fait tous un peu semblant de faire comme si de rien n'était, on sort les impers de Noël et on s'administre préventivement des anti-dépresseurs. Clément a enseigné à Awen et Timothé l'art des caricatures de l'avent. Laury a décoré l'épicéa sans boule dans la gorge. Gilles dit que cette année on fête Léon. Jeanne roule ses premières truffes de nez. Audrey regarde le foot avec moi et fait même un peu semblant de s'y intéresser. La solution, c'est de se gâter-nourrir.
Quel cadeau mystique pour ma mère athée? Une confiture d'anges amers.

Aucun commentaire: