Quand il a entamé des démarches afin d'obtenir la nationalité aux services de l'Etat civil de la municipalité de Saint Barthélémy, la secrétaire lui a demandé en rigolant : "vous êtes Belge ou quoi ?". Alors Johnny H. s'est mis à réfléchir. Son père l'était, Belge, c'est vrai, alors pourquoi pas lui ? Johnny H. est exténué par l'impôt soviétique qui ponctionne injustement les moyennes fortunes de France. Avec l'euro, son coach de stretching dermatologique a doublé ses tarifs. Il faut se payer des mois d'avocat dès qu'on rigole un peu avec une petite sur le yacht. Pas moyen d'importer non plus des plombiers polonais pour terminer sa villa à Saint Barth. Et puis tous ces salauds de pauvres qui le téléchargent gratis. Le stade de France est trop petit pour amortir les frais de maquilleuses et de pédicures.
La nationalité belge, ça n'a pas marché non plus. Avec le temps, il y a prescription. C'est Nicolas S. qui l'a finalement convaincu quand il a dit que la France si on l'aime on y reste et sinon on la quitte. Et bien, il ne l'aime plus, ce pays où l'on sous-tire l'argent aux anciens cons co-belges pour le donner aux franco-congolais. Il aurait bien rejoint Florent P. en Argentine, parce que le nom du pays est accueillant et qu'il pourrait faire escale à Saint Barth afin de résoudre enfin cette obscure affaire de nationalité. Mais cet été, alors que Johnny s'apprêtait à échanger son sang contre l'hémoglobine détaxée d'un jeune Sénégalais pétant de santé, il croisa Yannick N. dans la salle d'attente. Yannick lui confia ses problèmes de jeune retraité du Tennis et lui indiqua avec des dents longues comme le bonheur que l'espérance de fric des nouveaux Suisses dépassait d'une douzaine d'années monétaires celle des habitants de l'Europe trotskiste. Alors Johnny décida en bloc d'y installer ses lingots. Comme dirait Patrick D., ce sont toujours les meilleurs qui s'en vont.